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monnaie fondante
28 février 2009

nouveau dialogue avec philippe derudder

28 février 2009


> Bonjour  Johannes (si vous le permettez), bonjour à tous,
>
> Je crains que nous ayons du mal à nous entendre, car manifestement nous
> ne considérons pas la question à partir du même point de vue. Je ne
> pense pas que ni l'un ni l'autre aient fondamentalement tort ou raison,
> c'est tout simplement que nous ne regardons pas la question monétaire à
> partir de la même logique : Je vais tâcher de résumer et d'être court
> car ce domaine est si vaste que l'on aurait tôt fait de se perdre :
>

1) Notre principal point de désaccord est le suivant: vous dites: "il n'y a jamais de création monétaire privé, il faut que ce soit clair!
Quand bien même ce serait une institution comme la FED issue de banques privées ou la BCE supraétatique, la monnaie émise, quelle qu'elle soit,
> a immédiatement une fonction publique et sociale! Aussitôt émise, elleest aussitôt publique!"
>
> La fonction de la monnaie est une chose, le pouvoir d'émission de cette monnaie en est une autre.  Ce qui est clair pour moi, c'est que ce sont
les banques privées qui ont le pouvoir de créer la monnaie par le crédit. Comme ce sont des entreprises privées, elles ne peuvent
consentir des prêts que sur des critères de rentabilité et de solvabilité et pour la satisfaction première des intérêts des
actionnaires du système.  Si le pouvoir de création monétaire relevait de la sphère publique, la monnaie pourrait être créée sur des critères
d'utilité publique pour servir en premier le bien commun. Je me contenterai de citer Thomas Jefferson, dont les termes ne peuvent être
démentis par notre actualité :"Si le peuple américain permet toujours aux banques privées de contrôler l’émission de sa monnaie, d’abord par l’inflation, puis par la
déflation, les banques et les sociétés qui se développeront autour de lui les priveront de tout bien jusqu’à ce que ses enfants prennent
conscience des sans-abri sur le continent conquis par ses pères. Le pouvoir d’émission devrait être repris aux banques et rendu au peuple à
qui il appartient. » (/Thomas Jefferson, Lettre au Ministre des Finances Albert Gallatin (1802/).

Décidément, le malentendu persiste toujours sur ce point!

Le crédit n'est jamais une création monétaire! Les banques n'accordent un crédit que si elles peuvent le refinancer, en premier lieu par les dépôts des épargnants, ensuite sur le marché financier et, en dernier lieu, si les banques centrales acceptent, par le dépôt de sécurités en échange de monnaie supplémentaire!

Le crédit n'augmente donc, sans participation de la banque centrale, en aucune façon la quantité de monnaie en circulation.

N'oublions pas que toute dette est compensée par une créance du même montant à tout moment! Cela ne peut être autrement! Donc, l'épargnant consomme moins pendant que le débiteur consomme davantage!

Jamais une banque ne crée de la monnaie supplémentaire à sa guise! De plus, elle exige des garanties de l'emprunteur (hypothèques par exemples ou des preuves de revenus, etc.). Elles peuvent se tromper, comme nous le voyons actuellement, même lourdement! Où serait la crise systémique si les pouvaient créer des liquidités à volonté? Cela n' aucun sens.

Jefferson a raison sur le fait que les banques, à la place d'une banque centrale, peuvent être responsables d'inflation et de déflation, mais depuis la création de systèmes de banques centrales, les inflations résultent toujours d'un excès d'émission de monnaie centrale!

Les déflations, c'est plus complexe, car la vitesse de circulation monétaire y intervient fortement. Et cela, il convient de l'appeler thésaurisation, car une monnaie qui reste plus longtemps hors circuit est une monnaie absente!

Et cla, même le fait d'en reémettre en grande quantité ne peut pas toujours l'empêcher, dès lors que la rétention liquide (spéculation à la baisse!) devient la meilleure affaire, en tout cas pour les fortunés!

La crise systémique résulte du fait que la dérèglementation avit été poussée jusqu'au taquet! Et il n'ya plus que des placements très risqués qui peuvent promettre un rendement de rêve! Mais ceci devait forcément échouer (cf Madoff!). Si on avait maintenu des règles "sérieuses", on aurait eu la crise systémique vingt ans plus tôt, par exemple dans la foulée de la crise immobilière du Japon en 1990. Autrement dit, on a joué après le match pendant vingt ans.

2) La monnaie fondante, pour ce que j'en ai compris repose sur deuxprincipes :
-La monnaie n'a en soi aucune valeur. Seul le bien ou service ont de la avaleur et la monnaie ne sert qu'à traduire symboliquement cette valeur pour permettre la production et l'échange de ces richesses.

Elle a pourtant un pouvoir d'achat, la nature symbolique de la monnaie, comme vous dites, est le fait que la monnaie représente tour à tour tout bien ou service qui peut être échangé contre elle. La monnaie ne traduit pas "symboliquement", mais réellement la valeur pour permettre l'échange des richesses. La monnaie est bien là matériellement et reste indéfiniement sur le marché, c'est cela sa principale caractéristique, alors que les biens et services apparaissent sur le marché pour en disparaître le plus vite sera le mieux! Le fait d'avoir une "valeur" est son pouvoir d'achat. Le problème vient du fait de sa résistence à l'usure du temps qui passe comme vous l'admettez plus loin.

J'ai théorisé cela en décrivant pour la monnaie un mouvement circulaire et pour les biens et services un mouvement linéaire (de la production vers la consommation), et c'est quand le bien et service rencontre un point du cercle que l'échange opère. Le circuit monétaire en rotation opère la transaction au point de contact tengentiel avec l'objet échangé... Ce n'est qu'une image, sans doute.
- Le problème de la monnaie à qui on attribue (à tort une valeur) est qu'elle conserve sa valeur (voire en gagne dans le temps par le "placement" de cette argent) alors que le service est consommé et que le bien vieillit et disparait au fil du temps. La monnaie fondante cherche donc à faire vivre à la monnaie le même cycle de vie que la richesse qu'elle représente.

Là, vous accordez à la monnaie fondante à juste titre une "vie" qui, en tant que vie est soumise à l'usure du temps! Admettons donc que la monnaie, même faite de papier, est bien matérielle, mais symbole, sous forme de parole prononcée, est aussi matérielle bien qu'éphémère!
>
3) Les monnaies fondantes ont été utilisées à des périodes de crise(surtout autour de la grande crise de 29-30), à une époque où les gens, par peur du lendemain, préféraient épargner plutôt que de
consommer, alors que pour relancer l'économie il aurait fallu justementqu'ils achètent.

Il faut être plus précis ici! Les gens font attention et hésitent d'acheter, c'est vrai. Mais l'immense majorité agit ainsi parce qu'elle sait que les lendemains seront difficiles! A cause de la précarité de leur situation, ils dépensent le moins possible, car ils ne sont pas sûr que leur travail et leur production à eux trouvent encore une demande solvable. En fait, les gens se trouvent confrontés au fait que la monnaie revient bien moins vite dans leurs poches, et ils achètent moins parce qu'ils peuvent moins acheter! Ce cercle vicieux s'autoentretient évidemment.

Ils "épargnent" au sens où ils ne veulent pas entamer trop vite leurs réserves. Ils sont prudents.

Ce n'est pas qu'ils auraient perdu le goût de consommer, mais c'est la monnaie circulante qui fait défaut. Il s'agit là, encore, d'une conséquence de la monnaie retirée de la circulation par l'accumulation de grosses réserves liquides détenues par quelques uns faute d'opportunités d'investissement.

Autrement, il s'agit d'une appropriation privée de la monnaie liquide qui entrave le bon fonctionnement de l'économie.

La nécessité d'une monnaie fondante est d'autant impérieuse que la crise est profonde, nous sommes snas doute d'accord sur ce point.

En résumé, ce n'est pas l'épargne qui plombe la consommation, en aucune façon, mais la rétention de liquide, le non-investissement des liquidités par ceux qui ont énormément et de plus en plus..

Le fait de faire "fondre" la monnaie incite naturellement la personne à dépenser son argent plutôt qu'à le conserver puisque cet argent perd de sa valeur.

La monnaie fondante ne vise pas tellement cela! L'individu restera parfaitement libre de consommer ou non. Car il peut, comme actuellement, épargner autant qu'il veut et peut pour consommer plus tard. La seule chose qu'il ne fera plus, c'est garder des excès de liquidités en poche ou sous le matelas, et il portera ses excédents à la banque. La banque, c'est sa raison d'être, sera chargée de collecter les fonds pour les prêter à ceux qui veulent consommer ou investir via le crédit. le fait du retour accéléré aux banques des fond aura pour effet de rendre l'argent plus disponible pour une circulation monétaire accélérée. Cette accélération aura un effet très stimulant sur les échanges, et il est certain que la banque centrale devra même agir pour réduire la masse circulante, afin de prévenir des poussées inflationnistes. Pour l'épargnant, la perte de la valeur sera nulle, mais la banque ne lui paiera plus d'intérêts, elle ne peut pas, car elle à le risque de la "fonte" à gérer.

En contrepartie, elle prêtera à des taux plus faibles, proches de zéro, au fur et à mesure que l'efficacité de ce système se déploira.

Mais aujourd'hui nous sommes pris en tenaille entre deux crises qui appellent des solutions contradictoire. La crise économique et financière a besoin de relance,de confiance du public et donc de consommation. La crise écologique (jamais l'humanité auparavant n'y a été confronté) impose une révision profonde de nos modes de production et de consommation, invitant à consommer autrement et globalement moins. Si l'introduction d'une monnaie fondante peut être retenue comme favorable à la crise économique elle aurait certainement des effets pervers et non souhaitables au regard de la crise écologique.

Je conteste résolument cet "effet pervers"! Bien au contraire! Car il est facilement démontrable que l'économie en régime de monnaie fondante fonctionnera à plein régime sans aucune contrainte à la croissance comme c'est le cas en régime capitaliste! En effet, le gouvernement aura des rentrées fiscales massives et régulières, il pourra orienter les investissement bien plus facilement en faveur des mesures écologiques souhaitables, il pourra, sans menacer en rien l'équilibre des ménages, taxer fortement les énergies fossiles, car la monnaie ne fera jamais défaut pour s'orienter dès lors vers des activités plus écologiques, à la fois au niveau individuel et collectif.

La baisse drastique des taux d'intérêts sans risque de trappe aux liquidités (comme actuellement) aura pour résultat que les maisons reviendront deux à trois fois fois moins chères aux emprunteurs et que l'ensemble des biens et services se trouveront soulagés des énormes frais financiers qui les renchérissent. L'individu lambda se retrouvera très rapidement avec pouvoir d'achat fortement accru, soit pour épargner encore, soit pour moins travailler, choix que feront sans doute beaucoup!

Il est sensible que la réduction générale dt temps de travail deviendra rapidement réalité, la production restera constante du fait de la productivité, ou baissera sans pour autant entamer le niveau de vie de l'immense majorité.

Ceux qui vont perdre dans ce système? Les grandes fortunes ne pourront plus obtenir les taux d'intérêt auxquels elles sont accoutumées, et nous assisterons à "leuthanasie lente des rentiers", chère à Keynes.

La "fonte" lente des grosses fortune remplacera la fonte des glaciers!

Sur le plan écologique, la monnaie fondante est même la seule réponse crédible!

4) C'est pourquoi je continue à plaider pour une refondation du système monétaire international sur le principe d'une nationalisation de toutes les banques centrales d'une part et sur la restitution du pouvoir de
création monétaire exclusive à ces banques centrales,  afin que la monnaie (fondante ou pas, c'est une autre question) soit créée, non pour continuer à faire tourner une machine industrielle et commerciale à but
purement marchand pour la satisfaction prioritaire des intérêts des actionnaires et possédants, mais pour trouver la liberté de financement d'activités à finalité sociétale (souvent non profitable financièrement
mais bénéfiques en terme d'amélioration de qualité de la vie). La reprise par la sphère publique du pouvoir d'émission monétaire permettrait donc le financement des immenses chantiers que les défis de
notre temps réclament, sans levée d'impôts supplémentaires et sans avoirn besoin de s'endetter. L'effet secondaire et non des moindre serait de pouvoir offrir à tous une activité épanouissante et utile sociétalement
et bien rémunérée.

Ce beau rêve ne se réalisera qu'avec la monnaie fondante, car, à côté de l'émission de la monnaie, il surtout veiller à sa circulation efficace moyennant la "fonte" préconisée pa Gesell. San quoi, tous les contrôles publics seront voués à l'échec! Ce que vous décrivez, c'est, en fait, l'échec du projet socialdémocrate qui ne marche pas pas parce que les "capitalistes" jouent une autre musique! Si on empêche la monnaie d'être le capital qui extorque, de par sa conception dérivée de l'or d'être réserve de valeur éternelle, toujours et encore l'intérêt monétaire net (l'intérêt fondamental chez Gesell!), nous pourrons obtenir rapidement et sans violence une société indéfiniement prospère et respectueuse de l'environnement.

Sans monnaie fondante ou monnaie "anticrise" (voir mon blog) cela n'a aucune chance de marcher!

5) C'est à ce stade que l'introduction d'une monnaie fondante pourraitêtre utile. Car pour éviter l'inflation il faut que la masse monétaire ne soit pas supérieure à la valeur de la richesse réelle produite. Le
crédit actuellement assure cette fonction, car la monnaie est créée au moment où l'on crée aussi la richesse (j'emprunte 10.000 euros pour acheter une voiture : la monnaie créée a pour contrepartie la voiture)
et à terme, la monnaie, 5 ou 6 ans après, est détruite au fil des remboursements.

C'est vrai que le crédit est indispensable pour acheter des biens durables et pour assurer la circulation monétaire, sinon, tout le monde devrait garder l'argent chez soi jusqu'au moment où il aurait assez pour se payer ce qu'il désire (une maison, une voiture, etc.) Et cela ne marcherait pas, car l'argent manquerait immédiatement au bon fonctionnement de l'économie. L'argent doit circuler évidemment!

Mais il est absurde de dire que la monnaie serait "détruite" avec l'extinction de la dette! La l'extinction de la dette dette éteint la créance, c'est tout. Et l'épargnant doit aussitôt prêter son argent à nouveau à la banque qui le prête à un autre débiteur, ou alors, autre solution, chacun consomme immédiatement ce qu'il a, et si l'individu a suffisamment lui-même (grâce à la prospérité résultant du régime à monnaie fondante...), eh bien, il n'empruntera plus, et le créancier pourra garder son avoir ou le consommer lui-même. Il peut ainsi réduire son effort et moins travailler sans dommage pour quiconque, au contraire, ce ne sera que bon pour l'écologie et la décroissance!

Je me répète, il est vraisemblable que la quantité de monnaie circulante sera très certainement plus faible du fait de l'excellente efficacité de cette monnaie. Cela réduire d'autant le volume de la fonte qui "pèserait" sur l'économie, les agents et les banques. Je précise encore que la fonte réduit de son le volume circulant régulièrement, au point qu'en cas de baisse des prix, la banque centrale devrait remettre l'équivant (ou plus, ou moins) de la fonte au gouvernement; Bénéfice: quelque milliards tous les ans ou tous les mois.

La voiture n'a plus de valeur et la monnaie la représentant n'existe plus. Tout est bien. Mais dans l'hypothèse où certains chantiers sociétaux seraient financés par simple émission monétaire, sans emprunt, reste la question du retour de cette monnaie.

Eh oui, mais grâce à la monnaie fondante, pas de souci!
Si la monnaie reste en circulation dans la société, elle sera accumulée et la masse deviendra disproportionnée par rapport à la valeur de la richesse réelle produite. C'est donc la fiscalité et l'introduction d'un
principe de fonte qui pourrait assurer ce mécanisme. Mais comme vous le voyez, la fonte n'est pas en elle même selon moi un outil anti crise, (au contraire puisqu'elle pourrait contribuer à l'aggravation de la
crise écologique) elle pourrait être envisagée comme moyen d'ajustement de la masse monétaire.

Nous sommes d'accord sur l'utilité de la monnaie fondante, mais contrairement à vous, je suis convaincu que cette monnaie résout davantage de problèmes que la seule crise systémique (ce qui n'est déjà pas si mal!)

Bien cordialement Philippe Derudder

Très cordialement Johannes Finckh

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