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monnaie fondante
14 décembre 2008

de la violence du système

Je distingue clairement entre deux choses:

1) Le "riche", le fortuné, le "capitaliste", celui qui a beaucoup d'argent et qui peut opérer des placements.

Il s'agit bien naturellement d'un acteur économique qui, comme tout autre, veut faire au mieux et placer le plus avantageusement possible son patrimoine. Une gestion prudente et libre de ce patrimoine, tout en cherchant à "payer" le moins possible d'impôts etc..., je ne condamne aucunement une telle attitude, car s'assurer un avenir "SDF" (sans difficultés financières) est légitime et, à mon goût, jamais condamnable! Je ne veux pas m'en prendre "aux riches" parce qu'ils sont riches, pour moi, cela n'a aucun sens!

Plus loin, on peut certainement déceler que, dans bien des cas, mais cela n'est pas toujours ainsi, que l'enrichissement de certains avait dû se faire avec des méthodes pas toujours respectables, c'est entendu. Parfois la justice s'en mêle à juste titre...

Mais le débat n'est pas là pour moi!

2) L'enjeu, pour moi est le suivant:

L'ordre monétaire comme tel est une construction qui impose une violence intrinsèque inéluctable, même si tous les citoyens agissent conformément à la loi et d'une façon "moralement impeccable"!

Les délocalisations et les licenciements pratiquées par les dirigeants dans des entreprises même confortablement profitables ne sont pas illégales bien souvent! Les gestionnaires agissent conformément à leur souci patrimonial et à celui de leurs actionnaires qui sont les donneurs d'ordre. On peut le déplorer et blablabla!

Silvio Gesell écrivait déjà, p. 348 de l'ordre économique naturel (1911 en allemand ,traduction française 1948):

"Notre monnaie traditionnelle est capable de prolétariser complètement les masses; elle n'a besoin pour cela d'aucune aide. Le prolétariat apparaît inévitablement là où circule notre monnaie traditionnelle. C'est le corrollaire de l'argent traditionnel. Sans échappatoire, sans peine, sans si ni mais, le prolétariat se déduit directement de notre monnaie classique. La mendicité généralisée doit inévitablement accompagner notre argent"

C'est de cette violence systémique qu'il s'agit et qui s'installe même dans l'hypothèse d'un système socialdémocrate "à la suédoise" par exemple qui avait le souci d'organiser un peu plus de justice sociale. Toutes les mesures sociales, bien sûr nécessaires, ne peuvent pas beaucoup contre cette mécanique redoutable.

3) Avec la monnaie fondante est visé ceci:

*la gestion individuelle pour se prémunir et s'assurer un meilleur avenir sera tout autant encouragée et pratiquée qu'actuellement, avec la nuance suivante: Il est établi, du fait de cette nouvelle monnaie pourvue d'une date limite,  que cette monnaie sera toujours disponible et bon marché et reste dans le système et ne saurait le quitter. De ce fait, la confiance des acteurs (banquiers par exemple) ne souffrira plus les violentes variations comme actuellement. Il n'y aura plus de crise systémique précédée de périodes hyperspéculatives, mais tout se déroulera bien plus tranquillement sans jamais s'effondrer. Il n'y aura plus de crise de refinancement possible!

*il est néanmoins vrai qu'en ne soustrayant plus la monnaie à sa fonction échangeante et en rendant régulière et stable sa circulation en toute circonstance, les opportunités hyperspéculatives disparaîtront pour la plupart d'elles-mêmes, car ces opérations nécessitent de fréquents allers et retours entre placements et préférence pour la liquidité. En rendant la détention "risquée" selon un mode de monnaie fondante, les acteurs (nous sommes tous spéculateurs, en jouant au loto par exemple...), il est clair que les placements sûrs et tranquilles gagneront la préférence de tous. Leur prix va sans doute même augmenter au point que leur rendement net finira par décroître à moyen terme. Les placements rentiers "bon père de famille" seront sûs et de plus en plus sécurisés (en valeur) par le système de la monnaie fondante. Par contre, leur rendement peut et doit baisser, et il osciller, à terme, autour de zéro. C'est cela "l'euthanasie lente du rentier" évoquée par Keynes et qui a puisée dans sa lecture de Gesell.

*l'objection que les gens n'investiraient plus ne tient pas! Car préserver son patrimoine - sans travailler!- et sans perte repésente déjà un moteur suffisant pour continuer cette form d'épargne. Car rappelons que tous ceux qui s'y refuseraient rt qui garderaient, malgré la "fonte monétaire", des liquidités importantes, seraient rapidement sanctionnés par une perte substantielle et strictement proportionnelle à leur magot! Placer pour préserver son bien dans l'avenir, telle sera la seule devise!

*l'autre objection que les gens thésauriseraient alors autre chose, les perres précieuses, des tableaux, etc..., est faite aussi par Keynes! Sauf qu'il ne saurait s'agir d'une objection, car la thésaurisations de tels objets n'a absolument pas la la même conséquence que la spéculation avec la masse monétaire! Il s'agit, en réalité, d'un problème marginal,et il y a quelques moyens légaux d'y répondre efficacement si cela deviendrait nécessaire. L'or est et restera démonétisé bin sûr!

*il s'agit donc bien d'un changement de système: le capitalisme cessera d'être le capitalisme tout en maintenant une économie de marché stable, libre, productif et efficace.

*cela aura aussi des conséquences sur le désendettement qui sera exactement concomitant du fait que les "riches" cesseront de s'enrichir en dormant mas qui restent, au mieux, comme ils sont, et la reistribution lente de leurs biens s'organisera du fait même qu'ils sont, eux aussi, mortels. Car l'enrichissement des riches est directement parallèle au développement de la dette depuis toujours. En supprimant la mécanique de l'enrichissement lié au système des intérêts et des intérêts composés, une politique de déendettement à la publique et individuelle se mettre d'elle-même en place!

*ce désendettement généralisé qui en résultera assez vite, et du fait des taux d'intérêt proches de zéro, aura pour conséquence de pouvoir réaliser des "investissements durables à faible rendement", on pourra, enfin, faire véritablement une politique "écologiquement correcte".

*du fait de l'investissement facilité et de l'ambiance d'une demande marchande soutenue sans inflation!, il est sensible aussi que l'emploi va croître et que  nous atteindrons assez vite une situation de plein emploi, un autre facteur qui poussera les salaires à la hausse et qui contribuera aussi à entamer la rente capitaliste actuelle.

Bien des perspectives s'ouvriront avec l'introduction, techniquement assez simple, de la réforme monétaire de type "monnaie fondante" (ou monnaie pure ou franche), alors faisons-le.

Le risque que ce système cacherait des "vices" qui en ferait un remède pire que le "mal" actuel?

Je n'en vois aucun, et les geselliens réfléchissent à cette "utopie" depuis plus de cent ans, et nous n'avons jamais lu des objections ni théorique ni pratiques.

L'obstacle est de l'ordre de la résistence intellectuelle des "savants", et, sans doute, les représentants de la haute finance s'en méfient (en partie à juste titre), car cette réforme, contrairement aux recettes de Marx, éradique effectivement le capitalisme à sa racine sans pour autant confisqer ni la liberté d'entreprendre ni la liberté tout court. Car le marché est une chose, et le "marché actuel soumis à la contrainte capitaliste" en est une autre!   

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Commentaires
J
Ton commentaire est tout simplemùent fantastique et si bien dit, à +, jf
M
Un échange entre Johannes Finckh et 2 lecteurs que je me permets de reproduire :<br /> Date: Thu, 14 Apr 2005 21:22:32 +0200<br /> <br /> mon très cher ami,<br /> merci pour ce texte de schumpeter qui se caractérise par une grande complexité de lecture, en tout cas pour moi; afin de rendre notre débat sincère et franc, j'ai fait l'effort de le lire et de retenir ce que j'ai pu.<br /> Néanmoins, je reste pour le moment sur ma position gesellienne, le contraire t'aurait sans doute étonné.<br /> Je ne peux en effet admettre toute la démarche de schumpeter, car il me semble partir, comme la plupart des théoriciens universitaires anciens ou récents, de présupposés intenables (du genre "système fermé", confusion entre monnaie et crédit, tentative de faire de la monnaie un élément "neutre" de l'échange, tec...).<br /> <br /> Toute ces vaines démarches totalement délirantes à mon sens n'ont absolument rien à voir avec l'économie réelle!<br /> Je te le dis avec toute la violence qui convient: tant que l'université ne se coltine pas mieux l'approche de Gesell, la "science" économique reste ésotérique. C'est, pour la comparer avec la physique, comme si elle continuait à affirmer que la terre serait plate et que les planètes plus le soleil tourneraient selon la complexité ancienne et moyennâgeuse autour du disque terrestre etc...<br /> <br /> Bref, toutes ces théories économiques sont totalement obsolètes.<br /> <br /> L'essence de la monnaie, telle qu'Aristote l'avait déjà définie, ne changera pas avec des élucubration aussi complexes et intenables!<br /> <br /> Nous sommes d'accord, je pense que la monnaie telle qu'elle est émise actuellement a trois fonctions:<br /> 1)Moyen d'échange universel contre toutes les marchandises et tous les services;<br /> A ce titre, en droit tout aussi bien qu'en pratique, seuls les billets et les pièces (avant: les pièces en or) ont un pouvoir libératoire complet et soldent la transaction instantanément.<br /> Les autres moyens de paiement, quels qu'ils soient, ne sont que des transferts de créances et maintiennent l'exigence de pouvoir être soldées un jour par du numéraire, même si cette exigence se contente normalement d'être exigence sans avoir besoin de se réaliser, car le transfert de cette créance plus loin procure à l'utilisateur un bien ou un service équivalent et le met hors du jeu de l'échange dès que son compte sera débité d'autant.<br /> Il résulte de ces faits que les transactions par transfert de créance ne sont pas, au sens strict, des transactions qui utilisent de la monnaie, précisément parce qu'elles s'en passent!<br /> Il convient dès lors d'admettre qu'une bonne partie des échanges économiques ne nécessitent pas de numéraire, et ce depuis la renaissance déjà et l'apparition des lettres de change.<br /> Mais il reste une chose essentielle: toutes les transactions ne sont possibles que si les sujets échangeants peuvent garder leur confiance en la monnaie émise par une autorité monéataire incontestable et adossée à un pouvoir public crédible.<br /> La valeur des biens et services s'exprime en prix - pour rappeler que la référence à la monnaie publique reste la seule ganrantie crédible - prix qui est lui-même déterminé par l'usage et le jeu complexe de l'offre et de la demande. Si, pour des raisons inflationnistes par exemple, l'émission de monnaie centrale augmente trop fortement en volume ou, si, pour des raisons qui menacent la sécurité d'approvisionnement en biens et services, les prix auront tendance à augmenter. La menace d'approvisionnement peut, à mon sens, être rapprochée d'une augmentation de la "vitesse de circulation monétaire".<br /> Inversement, une émission de monnaie centrale insuffisante aura tendance à "renchérir" la monnaie, c'est-à-dire une unité monétaire achètrera davantage de biens et services au temps t1 qu'au temps t0. Ceci s'appelle "déflation" ou baisse générale des prix avec l'effet de s'auto-entretenir, car si la valeur de la monnaie augmente en fonction du temps, les sujets retiennent et ralelentissent donc la vitesse de circulation.<br /> 2)Fonction réserve de valeur<br /> Cette fonction découle du fait que la monnaie a un mouvement circulaire et est appelée à réaliser un nombre illimité de transactions. La monnaie est actuellement construite comme un objet à durée de vie sans limite dans le temps, et elle peut, à ce titre, exercer une pression constante sur les biens et services qui rendent service seulement ici et maintenant et sont destinés à être consommés pour ainsi disparaître du marché dès qu'ils auront été achetés. C'est évident pour les denrées périssables et pour les services, mais ceci est vrai aussi pour les biens dits durables pour lesquels s'applique toujours un taux d'amortissement.<br /> Il résulte de cet étét de fait que l'urgence est toujours du côté de celui qui offre les biens et services, tandisque celui qui offre de la monnaie peut souvent différer sa décision.<br /> Le mouvement de la monnaie est circulaire, celui des biens et services est linéaire (production-consommation-destruction-élimination-disparition).<br /> Ces faits simples font que la monnaie sans limite de durée est ipso facto le capital originel.<br /> <br /> Le capitalisme est ainsi cosubstantiel de la situation économique actuelle qui confère à la monnaie son côté illimité dans le temps. D'ailleurs, l'intérêt de la monnaie est une fonction stricte du temps, car c'est bien le temps lui-même qui le génère!<br /> <br /> Il me semble que si tu faisais, toi aussi, l'effort de lire l'ouvrage de Gesell que je t'ai offert depuis un certain temps déjà, comme je fais l'effort de lire les autres économistes, nous pourrions avancer beaucoup plus efficacement ensembles.<br /> <br /> Je m'excuse de la fermeté de mon ton, mais si on considère l'inefficacité totale de toutes les analyses économiques universitaires (y compris celles de Marx), il me semble légitime que ceux qui se prévalent de l'université essayent un jour autre chose que continuer à délirer en rond.<br /> <br /> En toute amitié, car j'ai surtout peur de t'avoir blessé, alors que je ne veux que te réveiller à ne plus être le serviteur de ce capitalisme désormais mondialisé et qui engendre toujours davantage de malheurs.<br /> <br /> Au plaisir d'un prochain diner où nous pourrons poursuivre ce débat sans nous battre ou alors de parler d'autre chose; jf
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